samedi 14 septembre 2024

Re... pères

 

Le ciel s’éteint lentement sous la lampe du jour… La mélopée longue et vibrante du fleuve emplit doucement l’habitacle de la voiture. La route défile presque sans paysage, le temps est comme suspendu…

Elle s’est éloignée quelques longues minutes, le temps d’aller chercher chez eux, cueillir plutôt, de la musique, une bougie, un livre qu’il aime pour l’accompagner tout en douceur, lui dire le feu, le plein de sa tendresse, encore, oh oui encore !

Sur la route du retour, elle remet la chanson en boucle, à la fois en alarme et sereine, et son cœur bat si fort… Il lui semble que dans ces 8mn30 de mélodie pleine, épurée et sauvage, son amour respire toujours. Elle l’accompagne, de toute sa vibration, de toute sa poésie, de toute cette vie partagée. Il lui semble que tant que s’égrène la chanson, aucun souffle ne peut mourir, l’onde mélodieuse le retient encore un peu sur la rive, le relie à elle, à leurs vies.

Et puis elle se gare. Sa respiration est alors si calme tandis que ses gestes se font rapides, précis. Elle murmure « j’arrive, attends-moi, je suis là, je t’aime… », croise le regard agrandi des gens éplorés ou détachés, remonte jusqu’à la chambre aseptisée et dans la pénombre à peine éclairée par la petite lumière au-dessus du lit, elle pose tout doucement les objets sur la table nue, se tourne vers lui enfin, lui sourit…

Il vient juste de s’endormir… dans cette discrétion qui est sa signature. On est au premier jour de l’après et,

« Les anges meurent de nos blessures… »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire