Elle était la source et l’estuaire. Elle aurait du se prénommer Eve tant ses regards portaient en eux l’origine du monde et tous les jardins d’Eden. Elle était mère de toute chose et aimait sans compter : les brindilles comme les hommes. Assise sur le rebord de l’univers, elle en scrutait les tours de magie et les hasards improbables. Combien de fois ai-je lu dans ses yeux cette infinie curiosité : celle d’une enfant qui cherchait à comprendre comment le lapin pouvait-il sortir du chapeau d'un magicien.
Elle aimait le contact de ses pieds nus sur l’herbe. Elle aimait faire l’amour à même un tronc d’arbre ou dans la torpeur d’un été qui s’étirait le long de la rivière. Elle parlait aux fleurs et aux insectes. D’autres l’auraient qualifiée de sorcière alors que c’était une fée car ils n’auraient jamais pu comprendre qu’elle était tout dans le cycle de la vie : eau, terre, air et feu. Il faut une sacrée dose de bienveillance pour comprendre de tels êtres…
Moi je n’étais qu’homme, fragile et malmené. Une terre même pas d’asile heurtée de plein fouet par les comètes et vouée au cataclysme. Elle m’a raconté sa vie, les brimades, les coups reçus, l’immonde crime qui a forgé son cœur d’adolescente, et puis des coups encore, le mépris. Je me suis mis à saigner de ses propres cicatrices et à taire mes souffrances dans un torrent couleur de vin. J’ai sombré, autant entre ses bras que dans tout ce qu’elle m'avouait et qui me faisait hurler en silence.
Les hypersensibles ne devraient jamais se rencontrer…
Mais puisque c’est inévitable, j’ai choisi de mettre chaque nerf à vif à son service. Parce que voyez-vous, quand on croise une fée que des cons ont déguisé en sorcière, on la chérit et on la soigne. On lui donne le meilleur de nous-même en se foutant de son indifférence. On ne change pas la nature profonde des gens qu’on aime.
On les adopte !
Merci F.
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