Elle savourait les yeux fermés, le soir couchant qui nous irradiait dans la voiture où résonnait à tue-tête les guitares endiablées de Deep Purple. Les eaux pourpres et fumantes de l’Yonne s’en allaient vers la seine pendant qu’on cheminait vers la scène sous des phares inondés de lumière. Smoke on the water…
Je me souviens. Nous nous sommes arrêtés pour faire l’amour. Pas à la façon de ces putes qui prennent ta main pour la fourrer sous leur braguette, qui font des manières en crevant de culbutes, qui font leur chatte pour oublier qu’elles crèveront quatre pattes. Faut dire qu’elle a l’art et la manière pour mettre mon corps à l’envers et puis rire encore quand on va à con fesse.
Mais les pieds couchés sur le tableau de bord, elle écrivait à sa fille d’abord, la comète originelle, indifférente à mes mille sabords, adossée à d’autres accords. Elle accouchait des « je t’aime », les deux pouces levés en me jetant des regards éplorés et tous mes baisers qu’elle implorait. Dieu m’est témoin de l’envie qui me ronge encore de les assouvir alors que c’était juste hier.
Elle m’aimait en lumière, en plein jour pendant que l’Yonne se perdait en scène et où on s’est emmerdé devant tant de médiocrité. Et puis elle a dit à mon oreille : « Viens dormir chez moi, on va s’amarrer ». L’Yonne pouvait bien crever sur scène. J’ai redémarré avec ma lionne... on s'est barré à tire d'aile. On avait bien mieux à faire...
Et ce matin, simplement costumée d'un drap, je l'admire dans la lumière. Elle dort encore de ce sommeil des anges que l'on n'ose pas déranger. Elle dort, bercée dans l'aube...
Ma lionne !
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