Lébréchée

 

 

"Ce n’est pas d’bol" disait la tasse

"Me v’la tout’ ébréchée, fadasse

Tenant aux étoiles par l’anse

Au noir des nuits pourtant je danse

Je m’éblouis dans les impasses

J’oublie même le temps qui passe

Tant pis si j’prends des contredanses

J’fous sur mes fêlures des ganses

 

Chaque soir je m’en vais voir mon bol

Il m’aime de la cave à l’entresol

Il me fout la sous-tasse à l’envers

Avec ses regards un peu pervers

Et j’me retrouve en bière sans faux col

Alanguie et fauchée sur le sol

Le cœur toujours un peu de travers

 J'accroche mes ombres à son revers

 

Dans l’noir on n’voit pas les fêlures

Des tasses comme moi sans allure

Alors que personne n’allume

Et se mette à prendre la plume

Pour croquer mon anse à l’épure

Et gaver ma panse d’injures

Remontez plutôt le volume

Pour fair' tair' mes coups sur l’enclume

 

J’ai déjà fait l’plein de parjures

A me briser d’éclaboussures

Et planquer toutes mes impasses

Sous le tapis de la sous-tasse

Pour qu’on ne voit plus les fêlures

Qui s’entassent dans mes blessures

J'finirai p'têt' dans la bouillasse

Car

C'est le destin de toutes les tasses..."