Je suis né à Katmandou, dans le creux d’un chemin
J’ai grandi en France, sous ma peau couleur indien
Mes papiers sont en règle, ma vie tout de même
M’a fait passé en garde à vue des matins blêmes
Parce que dans ma patrie un peu tricolore
Bricolée de tant de conquêtes incolores
Il faut encore savoir montrer patte blanche
Bien blanche la patte pour éviter les planches
Assemblées pour construire des millions de cercueils
Rassemblées pour instruire les enfants dans le deuil
Et monter tout droit des hommes à l’incertain destin
A l’impossible rêve d’aimer leurs prochains
Mais à Katmandou j’ai laissé ma mère et ma sœur
J’ai laissé un peu plus que des morceaux de mon cœur
J’ai laissé mes peurs et mes premières amours
Toute ma faim d’aimer l’humanité sans détour
Au cul d’un camion benne qui sent les ordures
Je m’imagine un destin et je construis des murs
Pour ma sœur, pour ma mère et pour tous les futurs
Pour tous les demains qu’on n’a pas eus, ça c’est sûr !
Pour tous les crépuscules qu’il faut vivre à Paris
Avec les parias qui n’ont plus qu’un cœur pour pays
C’était pas l’idée que je m'faisais de la France
Faute croire qu’on choisit pas toujours nos délivrances
Ce matin, parait qu’il a neigé sur Katmandou
Moi j’ai le ventre vide et je prie en hindou
J’implore mes ancêtres de tout pardonner
Je supplie les couleurs de ne pas m’abandonner
La misère n’a jamais été faite pour moi
Alors j'm'habille d'un masque de guingois
Au cul d’un camion benne qui est mon armure
Je m’enfuis pour ne plus avoir à longer les murs
Ni pour que ma mère ou ma sœur ne voient les sanglots
D’un gamin de Katmandou parti un peu trop tôt
D’un gamin de Katmandou qui gèle en plein Paris
Sous la tente où il a réfugié ses insomnies
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