mardi 31 décembre 2024

3,14 au rayon de la nuit

 

 

Et chaque nuit je te rejoins, mêlant ton parfum à mes mains

Qui dansent de plus en plus loin, jusqu’aux amours nées dans le foin

Et chaque nuit je te revois, je t’explore du bout des doigts

J’écoute le son de ta voix. Je chante même, tu y crois ?

 

Et chaque nuit je me maudis de n’avoir plus aucune envie

Et puis d’avoir laissé ta vie s’en aller surfer l’infini

Et chaque nuit mon cœur tremble. Il frémit, se désassemble

Désarticulé sans ensemble, il ne veut plus trottiner à l’amble

 

Et chaque nuit tu me reviens, parfois sainte, tantôt beaucoup moins

Ma mariée du soir au matin sous ton voile éthéré de satin

Qui s’échancre depuis ton sein jusqu’à la cambrure des reins

Mêlant nos sueurs au jardin quand tu t’emperles d’un doux vin


Et chaque nuit renait l’amour, celui que j’aurai pour toujours

Que je dépose dans ta cour et que je sème tout autour

Depuis tes yeux pleins de lumière jusqu’à ton cœur en prières

Mes nuits sont bien singulières mais tu en es l’héritière


Et tu recevras ce cadeau, je le sais, pas comme un fardeau

Il grandira dans ton berceau, il aimera tous tes sursauts

Il embellira tes années, tes tourments et tes douces soirées

Et chaque nuit je renaitrai dans la douceur de nos étés

dimanche 29 décembre 2024

DS Tribute...

 

Moi je veux être un ours au milieu des Cévennes

Moi je veux être un loup sur le bord des grands lacs

Moi qui ai pris les villes et les dîners mondains

Des putes et des cadavres dis qu’est-ce qu’on en retient ?

Cela fait si longtemps que je n’ai libellule

Voyagé avec vous le long de ces vallées

A sentir au profond que je suis de ce monde

Celui qui sent la vie et le cul à plein nez

Insectes aux grandes ailes papillons en tous genres

Vous qui m’avez donné le bonheur d’être en vie

Bien plus que tous ces autres imbéciles bipèdes

Qui ne savent que fuir leurs propres infinis

La forêt reviendra quand se seront éteints

Les porteurs d’inutiles les faiseurs de chagrins

Oiseaux mauvais augure, les marins de baignoire

Qui n’ont pour envergure que celle du têtard,

Moi le roi des crapauds des belettes et des loutres

Je leur tends à ceux-là supérieurs aux dîners,

Le purin qu’ils se bavent, animaux domestiques,

Meute de gnous transie aux falaises d’Afrique

Qui pour un seul félin est prête à se jeter.

Les mammifères sont rois oui mais de leur bêtise

A vendre ce qui brille, à s’enfuir apeurés,

De Venise aux Marquises

Au souffre de la brise

Sur le cours du papier,

Que brûle la forêt !

Il paraît que la terre quand la terre est brûlée

Donne de meilleurs blés quand le souffre est l’engrais.

Sur les cours d’eau l’été quand le soleil est ras

Viennent se poser sur le bout de mes doigts

Ces petits aviateurs, ces elfes aux grandes ailes

Dont le turquoise luit la lumière du soleil…

samedi 28 décembre 2024

Les plages de l'embarquement


 

Elle était la source et l’estuaire. Elle aurait du se prénommer Eve tant ses regards portaient en eux l’origine du monde et tous les jardins d’Eden. Elle était mère de toute chose et aimait sans compter : les brindilles comme les hommes. Assise sur le rebord de l’univers, elle en scrutait les tours de magie et les hasards improbables. Combien de fois ai-je lu dans ses yeux cette infinie curiosité : celle d’une enfant qui cherchait à comprendre comment le lapin pouvait-il sortir du chapeau d'un magicien.

Elle aimait le contact de ses pieds nus sur l’herbe. Elle aimait faire l’amour à même un tronc d’arbre ou dans la torpeur d’un été qui s’étirait le long de la rivière. Elle parlait aux fleurs et aux insectes. D’autres l’auraient qualifiée de sorcière alors que c’était une fée car ils n’auraient jamais pu comprendre qu’elle était tout dans le cycle de la vie : eau, terre, air et feu. Il faut une sacrée dose de bienveillance pour comprendre de tels êtres…

Moi je n’étais qu’homme, fragile et malmené. Une terre même pas d’asile heurtée de plein fouet par les comètes et vouée au cataclysme. Elle m’a raconté sa vie, les brimades, les coups reçus, l’immonde crime qui a forgé son cœur d’adolescente, et puis des coups encore, le mépris. Je me suis mis à saigner de ses propres cicatrices et à taire mes souffrances dans un torrent couleur de vin. J’ai sombré, autant entre ses bras que dans tout ce qu’elle m'avouait et qui me faisait hurler en silence.

Les hypersensibles ne devraient jamais se rencontrer…

Mais puisque c’est inévitable, j’ai choisi de mettre chaque nerf à vif à son service. Parce que voyez-vous, quand on croise une fée que des cons ont déguisé en sorcière, on la chérit et on la soigne. On lui donne le meilleur de nous-même en se foutant de son indifférence. On ne change pas la nature profonde des gens qu’on aime.

On les adopte !

Merci F.