dimanche 11 mai 2025

D'aïeux, d'à mieux

 

Ils ont nos aïeux des airs de vieux

Des airs d’envieux des misères de mieux

Des petits pas qui vont jusqu’au pieu

Qu’on soigne aux airs langoureux

Des pianos percés, des gens peureux

Toi mon grand-père t’étais juste ma terre

Mon univers et quand tu riais par terre

Tu m’emportais jusqu’aux fronts de mer

Pour lécher mon vague à l’envers

Pour sécher mes larmes à l’amer

Tu rêvais ma vie, tu savais mes envies

Mes insomnies et mes levers de lit

Les cauchemars que j’ai enfoui

De m’être si souvent enfuie

Les joues creuses de peur de la vie

Une part de ton âme s’est réfugiée

Dans les cœurs qui m’ont bercé

Ou qui m’ont fait boiter

Sur l’infini des panses crevées

Pour ne plus jamais renoncer


samedi 26 avril 2025

Queer

 

Laisse moi savourer
le trésor de tes lèvres
et plonger dans tes yeux
jusqu'au feu des étoiles
qui s'y mirent la nuit
y sommeillent le jour
Je suis ce sable chaud
qu'embrasse le ressac
Le charnu des collines
cajolé de nuages
La tendresse de ta peau
m'offre un châle de soie
Ta voix ardente et grave
s'enroule autour de moi
vient me déshabiller
d'une austère sagesse
pour mieux m'envelopper
d'une ivresse sublime
Mes larmes sont bienheureuses
et l'heure s'ensoleille
Mes rêves ont éclos
d'un seul baiser de toi
Je veux être captive
des douceurs de l'étreinte
oublieuse du tourment
des angoisses insensées
Je veux nommer un monde
qui ne soit qu'à nous deux
où délier nos vies
d'effroyables carcans

Sauvetage

 



Elle voudrait offrir
Par une bouche d'homme
Ce baiser gout de pommes
Sans jamais nous maudire

Mais ne peut point ouvrir
Des bras d'os et de chair
Que tant d'amour espère
Je voudrais te le dire

Puisque ses lèvres bleues
Sont des cieux, des nuages,
Des jardins sans grillage
Qui rêvent d'amoureux.

Ô ses bras sont des branches
En attente de feuilles,
Des vagues sur l'écueil
Qui brisent nos nuits blanches

Elle est l'herbe sous toi
La pierre millénaire.
Elle est partout dans l'air.
Elle est l'eau que tu bois.

dimanche 13 avril 2025

Calypso tentaculaire

 

Viennent les adieux

Et avec eux les bruits

Qui meurent irrémédiablement

Les corps se désossent

Là où poussent les pierres

Là où les fleurs naissent des chairs

Les mains mortes sont crispées

Sur le vide

Et nos mots de vivants

Se couvrent d'un voile de peine

Qui en étouffe le sens

Les cœurs s'éparpillent

En quête d'hier

Que le chagrin essore

Pour en saisir la plus

Tangible matière

Et pour être moins seul

A l'intérieur de soi

La foi haletante

Guette la venue de l'ange

Infaillible

Puis viennent des morceaux

De pensées par effraction

Avec ce qu'il reste de courage

Puisé au plus profond

Et le souhait que chacun

S'y sente un peu chez soi

samedi 5 avril 2025

Je me souviens

 

Je me souviens

Qu’elle avait sur sa peau des robes de princesse

Qu’elle voulait tellement que ça cesse

Et qu’on arrête le temps mais pas le printemps

Ni trop attendre sur le quai des gares d’antan

Pour qu’elle danse encore un peu avant le dernier train

 

Je me souviens

Qu’elle était ivre, qu’elle était pâle, qu’elle était givre

Face à la mort qu’elle côtoyait sans effort la grive

Devant les cercueils qui partaient doucement à la dérive

La fidèle amie de tous les matadors et des catastrophes

Qu’elle avait dévoré à s’en gaver la panse en strophes

 

Je me souviens

Comme il faisait froid dans nos ventres aux noirceurs

Vacillantes dans le crépuscule des dernières lueurs

Que nos bouches avaient le goût de la mort et des oublis

Dans les roulis encombrés de naufragés enragés, hébétés

Amarrés à l’amer, crevant par-dessus des radeaux de survie

 

Je me souviens

Comme il était vain le combat de nos mille feux sans mille mieux

A cent mille lieues des amours crevés d’incendie

Qu’on embrasaient de nos bras interdits juste en dessous la pluie

Tellement j’avais peur de ne plus savoir aimer les ruisseaux

De nos bras apeurés qui s’enlaçaient au bord de l’eau

 

Je me souviens,

Comme j’étais candide à m’en crever de chagrin

Quand tu es partie, muette dans le petit matin

Avec ma vie sur ton épaule et ma détresse de mauvais alcool

Et toutes mes vieilles bastons dans la cour de l’école

Qui traînaient dans la poussière, qui jonchaient le sol

 

Je me souviens

De tous les firmaments

Je me souviens

Oui mais des tourments

Je me souviens

De nos rires d’enfants

Je me souviens

Que nous étions amants

Je me souviens

De ton cœur toujours ardent

Je me souviens

Qu’il faut vivre autrement

 

Pour mourir enfin