Je me souviens
Qu’elle avait sur sa peau des robes de princesse
Qu’elle voulait tellement que ça cesse
Et qu’on arrête le temps mais pas le printemps
Ni trop attendre sur le quai des gares d’antan
Pour qu’elle danse encore un peu avant le dernier train
Je me souviens
Qu’elle était ivre, qu’elle était pâle, qu’elle était givre
Face à la mort qu’elle côtoyait sans effort la grive
Devant les cercueils qui partaient doucement à la dérive
La fidèle amie de tous les matadors et des catastrophes
Qu’elle avait dévoré à s’en gaver la panse en strophes
Je me souviens
Comme il faisait froid dans nos ventres aux noirceurs
Vacillantes dans le crépuscule des dernières lueurs
Que nos bouches avaient le goût de la mort et des oublis
Dans les roulis encombrés de naufragés enragés, hébétés
Amarrés à l’amer, crevant par-dessus des radeaux de survie
Je me souviens
Comme il était vain le combat de nos mille feux sans mille mieux
A cent mille lieues des amours crevés d’incendie
Qu’on embrasaient de nos bras interdits juste en dessous la pluie
Tellement j’avais peur de ne plus savoir aimer les ruisseaux
De nos bras apeurés qui s’enlaçaient au bord de l’eau
Je me souviens,
Comme j’étais candide à m’en crever de chagrin
Quand tu es partie, muette dans le petit matin
Avec ma vie sur ton épaule et ma détresse de mauvais alcool
Et toutes mes vieilles bastons dans la cour de l’école
Qui traînaient dans la poussière, qui jonchaient le sol
Je me souviens
De tous les firmaments
Je me souviens
Oui mais des tourments
Je me souviens
De nos rires d’enfants
Je me souviens
Que nous étions amants
Je me souviens
De ton cœur toujours ardent
Je me souviens
Qu’il faut vivre autrement
Pour mourir enfin
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