samedi 5 avril 2025

Je me souviens

 

Je me souviens

Qu’elle avait sur sa peau des robes de princesse

Qu’elle voulait tellement que ça cesse

Et qu’on arrête le temps mais pas le printemps

Ni trop attendre sur le quai des gares d’antan

Pour qu’elle danse encore un peu avant le dernier train

 

Je me souviens

Qu’elle était ivre, qu’elle était pâle, qu’elle était givre

Face à la mort qu’elle côtoyait sans effort la grive

Devant les cercueils qui partaient doucement à la dérive

La fidèle amie de tous les matadors et des catastrophes

Qu’elle avait dévoré à s’en gaver la panse en strophes

 

Je me souviens

Comme il faisait froid dans nos ventres aux noirceurs

Vacillantes dans le crépuscule des dernières lueurs

Que nos bouches avaient le goût de la mort et des oublis

Dans les roulis encombrés de naufragés enragés, hébétés

Amarrés à l’amer, crevant par-dessus des radeaux de survie

 

Je me souviens

Comme il était vain le combat de nos mille feux sans mille mieux

A cent mille lieues des amours crevés d’incendie

Qu’on embrasaient de nos bras interdits juste en dessous la pluie

Tellement j’avais peur de ne plus savoir aimer les ruisseaux

De nos bras apeurés qui s’enlaçaient au bord de l’eau

 

Je me souviens,

Comme j’étais candide à m’en crever de chagrin

Quand tu es partie, muette dans le petit matin

Avec ma vie sur ton épaule et ma détresse de mauvais alcool

Et toutes mes vieilles bastons dans la cour de l’école

Qui traînaient dans la poussière, qui jonchaient le sol

 

Je me souviens

De tous les firmaments

Je me souviens

Oui mais des tourments

Je me souviens

De nos rires d’enfants

Je me souviens

Que nous étions amants

Je me souviens

De ton cœur toujours ardent

Je me souviens

Qu’il faut vivre autrement

 

Pour mourir enfin

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