vendredi 22 novembre 2024

Voie sans issue

 

Elle était si abîmée qu’elle ne savait même plus comment réagir lorsque quelqu’un lui donnait enfin l’amour dont elle avait besoin pour guérir.

Je l’ai pourtant aimée au premier regard, sans même m’en apercevoir, sans même que j’ai cette conscience aigüe de l’attractivité qui fait flamboyer les cœurs. C’était comme une évidence, comme un coup de tonnerre dans le placard, faisant voler les portes en éclats.

Et je me souviens. Mes pas dans la neige, l’ombre bleuté des épicéas qui voilait le ciel et ma carcasse encombrée d’un soleil nouveau, inconnu, incongru ; incapable de penser à autre chose qu’à une fossette au creux de laquelle je plongeais de toute mon âme en sachant d’avance que je m’y perdrais.

Je me souviens encore, comme si c’était hier de la timidité, de l’effroi puis de l’effusion. De la fusion aussi. Dieu, la rivière et les rivages où nous nous sommes amarrés sont témoins de toutes les vibrations et des arpèges improbables sur lesquels on tentait de s’accorder.

Qui de l’un ou de l’autre a commis les fausses notes ? Nul ne le saura jamais. J’avais mes démons. Elle combattait aussi les siens. Nous vivions à moitié, de part et d’autre d’un mur de verre où cent miroirs transformaient les reflets de l'autre en mirages.

 Mais je l’aimais.

Je le faisais avec maladresse mais c’est parce que je l’aimais. On est toujours maladroit avec les gens qu’on aime. On les écrase, on les encombre avec notre amour… On ne sait pas y faire.

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