samedi 26 avril 2025

Queer

 

Laisse moi savourer
le trésor de tes lèvres
et plonger dans tes yeux
jusqu'au feu des étoiles
qui s'y mirent la nuit
y sommeillent le jour
Je suis ce sable chaud
qu'embrasse le ressac
Le charnu des collines
cajolé de nuages
La tendresse de ta peau
m'offre un châle de soie
Ta voix ardente et grave
s'enroule autour de moi
vient me déshabiller
d'une austère sagesse
pour mieux m'envelopper
d'une ivresse sublime
Mes larmes sont bienheureuses
et l'heure s'ensoleille
Mes rêves ont éclos
d'un seul baiser de toi
Je veux être captive
des douceurs de l'étreinte
oublieuse du tourment
des angoisses insensées
Je veux nommer un monde
qui ne soit qu'à nous deux
où délier nos vies
d'effroyables carcans

Sauvetage

 

Elle voudrait offrir
Par une bouche d'homme
Ce baiser gout de pommes
Sans jamais nous maudire


Mais ne peut point ouvrir
Des bras d'os et de chair
Que tant d'amour espère
Je voudrais te le dire


Puisque ses lèvres bleues
Sont des cieux, des nuages,
Des jardins sans grillage
Qui rêvent d'amoureux.


Ô ses bras sont des branches
En attente de feuilles,
Des vagues sur l'écueil
Qui brisent nos nuits blanches


Elle est l'herbe sous toi
La pierre millénaire.
Elle est partout dans l'air.
Elle est l'eau que tu boi
s.

dimanche 13 avril 2025

Calypso tentaculaire

 

Viennent les adieux

Et avec eux les bruits

Qui meurent irrémédiablement

Les corps se désossent

Là où poussent les pierres

Là où les fleurs naissent des chairs

Les mains mortes sont crispées

Sur le vide

Et nos mots de vivants

Se couvrent d'un voile de peine

Qui en étouffe le sens

Les cœurs s'éparpillent

En quête d'hier

Que le chagrin essore

Pour en saisir la plus

Tangible matière

Et pour être moins seul

A l'intérieur de soi

La foi haletante

Guette la venue de l'ange

Infaillible

Puis viennent des morceaux

De pensées par effraction

Avec ce qu'il reste de courage

Puisé au plus profond

Et le souhait que chacun

S'y sente un peu chez soi

samedi 5 avril 2025

Je me souviens

 

Je me souviens

Qu’elle avait sur sa peau des robes de princesse

Qu’elle voulait tellement que ça cesse

Et qu’on arrête le temps mais pas le printemps

Ni trop attendre sur le quai des gares d’antan

Pour qu’elle danse encore un peu avant le dernier train

 

Je me souviens

Qu’elle était ivre, qu’elle était pâle, qu’elle était givre

Face à la mort qu’elle côtoyait sans effort la grive

Devant les cercueils qui partaient doucement à la dérive

La fidèle amie de tous les matadors et des catastrophes

Qu’elle avait dévoré à s’en gaver la panse en strophes

 

Je me souviens

Comme il faisait froid dans nos ventres aux noirceurs

Vacillantes dans le crépuscule des dernières lueurs

Que nos bouches avaient le goût de la mort et des oublis

Dans les roulis encombrés de naufragés enragés, hébétés

Amarrés à l’amer, crevant par-dessus des radeaux de survie

 

Je me souviens

Comme il était vain le combat de nos mille feux sans mille mieux

A cent mille lieues des amours crevés d’incendie

Qu’on embrasaient de nos bras interdits juste en dessous la pluie

Tellement j’avais peur de ne plus savoir aimer les ruisseaux

De nos bras apeurés qui s’enlaçaient au bord de l’eau

 

Je me souviens,

Comme j’étais candide à m’en crever de chagrin

Quand tu es partie, muette dans le petit matin

Avec ma vie sur ton épaule et ma détresse de mauvais alcool

Et toutes mes vieilles bastons dans la cour de l’école

Qui traînaient dans la poussière, qui jonchaient le sol

 

Je me souviens

De tous les firmaments

Je me souviens

Oui mais des tourments

Je me souviens

De nos rires d’enfants

Je me souviens

Que nous étions amants

Je me souviens

De ton cœur toujours ardent

Je me souviens

Qu’il faut vivre autrement

 

Pour mourir enfin

jeudi 3 avril 2025

NDP

 

 ©Greyg

L’un des passages les plus déchirants du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo :
"Tu t’imagines être la plus malheureuse créature sur cette terre… Mais tu ne connais pas le véritable malheur. Sais-tu ce qu’est réellement la souffrance, ma bien-aimée ?
Le malheur, c’est lorsqu’un homme aime une femme qui ne l’aime pas en retour, qui ne le voit pas, qui ne se soucie pas de son existence.
C’est vouloir tout sacrifier pour un simple sourire, tandis qu’elle s’éloigne, le fuit, l’ignore… sans savoir que son indifférence est une lame qui transperce le cœur épris.
Le malheur, c’est d’être un homme fort, fier, invincible… et pourtant brisé par une femme dont le regard ensorcelle, dont la beauté accable, et qui, d’un souffle, le réduit à l’impuissance.
C’est d’offrir son bonheur, sa joie, son âme tout entière à une femme incapable d’en comprendre la valeur.
C’est d’être écartelé entre la raison et le cœur : une raison qui maudit la trahison, un cœur qui, malgré la douleur et l’abandon, pardonne encore… et continue d’aimer, infiniment."