dimanche 23 février 2025

Correspondance avortée


 

Une lettre endormie

Tout au fond d’un tiroir

Un souvenir enfoui

Au creux des mémoires 

Quelques pas dans la nuit 

Mes chansons dans le noir

Ainsi se fait l’oubli

Ainsi brûle l’espoir 

Dans l’indifférence

 

Je renais à la vie

Et mon cœur en miroir

A compris l’ironie

De tous les aurevoir

Ce matin l’accalmie

A couvert d’un mouchoir

Une lettre amnésie

Sans même s’émouvoir

De nos différences

 

J’aimerais l’embellie

De ces jolis boudoirs

Qui nous servaient de lits

Et parfois de gueuloir

Aimons-nous d’anarchie

Avant de décevoir

Nos mémoires assaillies

De petits bouts d’espoir

Et de dépendance

samedi 15 février 2025

La libellule et l'absurde

 

Une libellule qui bidule souvent sur mon épaule acidulée m'interrogeait sur la résilience. J'ai cherché les mots les plus justes pour embrasser les lobes de ses oreilles mais j'ai choisi la plume pour lui caresser les ailes avant l'envol :

C'est l'histoire de Sisyphe, roi rusé de Corinthe, qui défia les dieux en trompant Thanatos, la mort elle-même, et en retardant son propre destin. Mais les dieux, offensés par son arrogance, le condamnèrent à un supplice éternel ; son châtiment ? il devait pousser un rocher jusqu’au sommet d’une montagne, pour le voir inlassablement retomber dès qu’il atteignait le sommet. Ainsi, Sisyphe passa le reste de sa vie à errer en faisant des efforts titanesques pour faire monter le rocher et dès qu'il pensait qu'il arrivait à son objectif, le rocher tombait, le forçant à recommencer. C'est au travers de cet exemple qu'Albert Camus a choisi de nous représenter l'humain qui travaille tous les jours pour pouvoir se nourrir et vivre, refaire chaque jour la même chose, apparemment en vain.

Ce cycle absurde de va et vient, sans but ni récompense, illustre l’essence même de la condition humaine selon Camus : un effort incessant dans un monde dénué de sens ultime.

Pourtant, Sisyphe peut être heureux, nous dit Camus. Son châtiment, perçu comme une punition, devient une forme de liberté dès lors qu’il en accepte l’absurdité. Il n’a plus d’illusions : il sait que son destin est de recommencer éternellement. Mais c’est précisément dans cette lucidité qu’il trouve sa force. Il ne subit pas sa condition : il l’embrasse. Le moment où il redescend, où il prend conscience de l’éternel retour du même, est celui où il peut revendiquer son existence. Il devient maître de son sort, non en le changeant mais en le vivant pleinement.

Dans cette lutte sans victoire, il y a pourtant une forme de victoire intérieure, plus subtile mais plus essentielle que n’importe quel triomphe extérieur. Sisyphe, en acceptant le caractère inévitable de son supplice, refuse de s’effondrer sous le poids de l’absurde. Il pourrait céder à la résignation, sombrer dans le désespoir, se laisser écraser par l’inutilité apparente de son labeur. Pourtant, c’est précisément là qu’il affirme sa liberté : non pas en cherchant à échapper à son destin, mais en y trouvant une manière de l’habiter pleinement.

Là où le châtiment des dieux aurait dû lui briser l’esprit, il trouve une jouissance paradoxale : celle de l’effort lui-même. Le fait que la tâche soit absurde ne signifie pas qu’elle soit vide de toute substance. En poussant son rocher encore et encore, Sisyphe transforme la contrainte en acte volontaire. Il ne subit plus simplement son destin, il s’en empare. Son geste, répété à l’infini, n’est plus uniquement une punition ; il devient une affirmation d’existence. Comme un maçon qui, jour après jour taille sa pierre, ou comme un ouvrier qui répète inlassablement la même tâche, Sisyphe trouve dans l’action elle-même une forme de justification. Ce n’est plus l’aboutissement qui compte, mais le mouvement, l’effort, l’engagement total dans l’instant.

Cette idée rejoint la condition humaine moderne : combien de tâches accomplissons-nous chaque jour sans véritable finalité ? Le travail quotidien, les responsabilités, les habitudes, tout cela pourrait sembler absurde si l’on cherchait un but ultime. Mais si, à l’image de Sisyphe, nous acceptons cette absurdité et décidons d’investir pleinement chaque action, nous reprenons le pouvoir sur notre propre existence. C’est dans cette révolte silencieuse que naît une forme de bonheur : non pas un bonheur d’accomplissement, mais un bonheur d’engagement.

Ainsi, Sisyphe devient libre parce qu’il choisit de l’être. Il comprend que son supplice n’est pas une prison s’il refuse d’en être la victime. Ce qui devait être une condamnation éternelle se transforme en une revendication de vie. Il est heureux non pas parce que sa situation a changé, mais parce qu’il a changé sa manière de l’envisager. Son bonheur ne réside pas dans la réussite, mais dans l’acceptation et la plénitude de l’instant. Sisyphe, en dépit de son sort, triomphe des dieux par sa conscience et sa volonté.

S. en ciel

 

Elle avait les yeux qui brillent, un sourire enjôleur,
Des mots doux comme le miel, qui effacent les peurs,
Je croyais ses promesses, et ses nuits sans fin,
Mais dans ses caresses y' avait un autre chemin.

Ses absences sans raison, ses silences trop longs,
Elle tissait des mensonges comme on tisse un cocon,
Je voyais dans ses yeux un regard étranger,
L'écho de ses soupirs pour un autre changer.

Oh, masque des mensonges, danseuse sur le fil,
Ton cœur vagabonde, ton amour est futile,
Tu joues avec le feu, tu brûles nos souvenirs,
Infidèle aux adieux que tu n'oses pas dire.

Elle rentrait tard la nuit, le parfum sur sa peau,
Des histoires mal bâties qui sonnaient bien trop faux,
Je voulais croire encore à nos rêves dorés,
Mais son cœur égaré s'en allait à jamais.

J'ai suivi ses traces derrière le rivage,
Où elle se donnait sans aucun ombrage,
Ses rires résonnaient pour un autre que moi,
Ses lèvres chantaient des "je t'aime" sans foi.

Oh, masque des mensonges, danseuse sur le fil,
Ton cœur vagabonde, ton amour est futile,
Tu joues avec le feu, tu brûles nos souvenirs,
Infidèle aux adieux que tu n'oses pas dire.

J'ai brisé les chaînes de ses mots sans valeur,
Laissant derrière moi les éclats de mon cœur,
Elle restera une ombre, un vent sans racine,
Et mon aube se teinte de ses toiles assassines.

Oh, masque des mensonges, danseuse sur le fil,
Ton cœur vagabonde, ton amour est futile,
Tu joues avec le feu, tu brûles nos souvenirs,
Infidèle aux adieux que tu n'oses pas dire.

Oh, masque des mensonges, danseuse sur le fil,
Ton cœur vagabonde, ton amour est futile,
Tu joues avec le feu, tu brûles nos souvenirs,
Infidèle aux adieux que tu n'oses pas dire.

Oh, masque des mensonges, danseuse sur le fil,
Ton cœur vagabonde, ton amour est futile,
Tu joues avec le feu, tu brûles nos souvenirs,
Infidèle aux adieux que tu n'oses pas dire.