dimanche 30 mars 2025

Geôlière


 

Elle s’amourache un instant en voyant passer des passants

Qu’elle abrutit d’innocence et de souvenirs d’enfance

Elle s’enduit le corps, elle s’enduit la gueule et même le cœur

Elle fait son beurre, elle attend son heure pour faire croire au bonheur

Elle sait que dans ses yeux tu perdras tes années d’errance

Elle dessine des murs qu’elle voudrait peints de différence

Mais qui seront toujours les murs de son indifférence

La geôlière !

Qui s’indiffère et mortifère, construit des ministères

Elle tapisse son bureau de toutes tes galères

Pour mieux se sentir en vie et palper tes envies

Pour mieux les broyer avec des regards pleins d’ironie

Elle dit qu’elle a des souffrances mais que des distances

Font d’elle les ailes d’une putain d’absence

Qui ruine le cœur des hommes sous l’indifférence

Sourcière

Elle danse des tangos charnels et des paséos caramel

Elle instrumente ta vie dans sa robe de Gargamel

Elle vit sa vie sans pareil et sans sauce salsepareille

Pour te faire croire qu’à elle tu pourrais être pareil

Comme un bonbec sans emballage, comme un bon mec à l’ouvrage

Un p’tit gars bien éduqué qui va se faire inculper

D’obsolescence et dans pas bien longtemps : d’indifférence

Souricière !

Où mille amants avant toi ont piégé leurs jeunes années

Où devant l’aimant tu resteras un pauvre con damné

Une âme en peine, une âme en Seine et le blé que l’on sème

Sur des champs de givre et de sang où plus rien ne s’amène

A part les rires cristallins et le nom de l’absente

Dans ses hivers et les pâles soleils qu’elle tourmente

 Dans tes sanglots qu’elle fait naître avec indifférence

Singulière

Elle s’amarre à toutes les bittes des ports en perdition

Et se marre des porcs qui lui font rêver des horizons

Elle est lointaine, elle est fontaine ohé capitaine

Qui n’a d’encre que son sang et qui s’ancre en déraison

A vouloir combler son cœur sec et ses yeux desséchés

A tant vouloir faire de son cœur sec un cœur d’amante

Pour oublier juste un instant qu’elle est indifférente

La geôlière...

lundi 24 mars 2025

Ficelle

 

Il existe une fille qui n'a plus goût à la vie
Ce fil de fer a paraît-il, perdu l'appétit
On l'appelle Ficelle, celle au ventre noué
Qui flotte dans ses jeans et qui n'aura jamais de bouée

Elle pourrait être mannequin, avec ses airs d'arlequin
Mais elle n'a pas la force, car au dîner la sombre idiote
Ne mange qu'une feuille de salade au fond d'un ramequin

Elle a les bras si fins la linotte

Quand elle te serre, elle te ligote
D'ailleurs, tous les garçons s'enfuient comme des lâches
Mais Ficelle sait qu'elle casse si elle s'attache

Et ça l'arrange même assez
Car la jeune fille est lassée
Que tous aient peur de l'enlacer

Ficelle, ses mains sont liées

Comme celles d'un forçat
Qui fixe le calendrier, grain par grain

Le sablier
Effrite son corps pour le plier

Mais elle adore ça
Être légère dans ses souliers

Ne plus sentir son estomac
Elle fait des nœuds pour oublier

Qu’elle n'a pas besoin de cuisinier

J'suis pas venu pour la bavette
C'est moi qui invite, mets-toi à table

Et bouffe la vie fillette !

Elle est frêle et plate
Presque insensible
Et son âme qui lézarde les murs est si mince

Qu'elle effraie le plâtre
Elle est comme ceux de son âge

Elle veut être invisible
Car elle se sent dans la marge,

Une rature en pattes de mouche

Toute illisible

Personne ne la voit

Pourtant elle est si fine et subtile
Alors pour disparaître

Elle va de crise de larme,

En salle de gym
Y’a rien d'mauvais dans la santé

Dans la mode et le futile
Sauf quand c'est le cœur qui est au régime

Ficelle, tes mains sont liées

Comme celles d'un forçat
Qui fixe le calendrier, grain par grain, le sablier
Tu effrite ton corps pour le plier

Mais tu adores ça

Être légère dans ses souliers, ne plus sentir son estomac
Elle fait des nœuds pour oublier

Qu'elle a tendance à ne pas être dans son assiette,

Qu’elle n'a pas besoin d'cuisinie

J'suis pas venu pour la bavette

C'est moi qu'invite, mets-toi à table

Et bouffe la vie fillette !

Personne ne la regarde vraiment, car personne ne la voit
Quand elle tente de communiquer tous s'interrogent
« Mais d'où vient cette voix étrange, aigre douce

Peut-on être aussi maigre ? »
Sans être aigrie, plus chétive, elle se désintègre

C’est peut-être pas non plus complètement un choix

On rejette quelques fois ce qu'on ne digère pas
Et l'existence entière peut paraitre avariée
Quand le menu qu'elle nous propose n'est pas assez varié
Pas assez riche, trop peu léger et pas assez de calories
Faut faire chauffer la machine et c'est de sourires dont elle s'nourrit

Ficelle, tu veux vibrer, mais tu t'sens lourde

Te fais pas de bile
Dis-toi que la vie n'tient qu'à un fil

Ficelle, tes mains sont liées

Comme celles d'un forçat
Qui fixe le calendrier, grain par grain, le sablier
Effrite ton corps pour le plier

Mais elle adore ça
Être légère dans ses souliers

Ne plus sentir son estomac
Elle fait des nœuds pour oublier

Qu'elle a tendance à ne pas être

Dans son assiette

Qu’elle n'a pas besoin de cuisinier
J'suis pas venu pour la bavette
C'est moi qu'invite, mets-toi à table

Et bouffe la vie fillette !