Elle s’amourache un instant en voyant passer des passants
Qu’elle abrutit d’innocence et de souvenirs d’enfance
Elle s’enduit le corps, elle s’enduit la gueule et même le cœur
Elle fait son beurre, elle attend son heure pour faire croire au bonheur
Elle sait que dans ses yeux tu perdras tes années d’errance
Elle dessine des murs qu’elle voudrait peints de différence
Mais qui seront toujours les murs de son indifférence
La geôlière !
Qui s’indiffère et mortifère, construit des ministères
Elle tapisse son bureau de toutes tes galères
Pour mieux se sentir en vie et palper tes envies
Pour mieux les broyer avec des regards pleins d’ironie
Elle dit qu’elle a des souffrances mais que des distances
Font d’elle les ailes d’une putain d’absence
Qui ruine le cœur des hommes sous l’indifférence
Sourcière
Elle danse des tangos charnels et des paséos caramel
Elle instrumente ta vie dans sa robe de Gargamel
Elle vit sa vie sans pareil et sans sauce salsepareille
Pour te faire croire qu’à elle tu pourrais être pareil
Comme un bonbec sans emballage, comme un bon mec à l’ouvrage
Un p’tit gars bien éduqué qui va se faire inculper
D’obsolescence et dans pas bien longtemps : d’indifférence
Souricière !
Où mille amants avant toi ont piégé leurs jeunes années
Où devant l’aimant tu resteras un pauvre con damné
Une âme en peine, une âme en Seine et le blé que l’on sème
Sur des champs de givre et de sang où plus rien ne s’amène
A part les rires cristallins et le nom de l’absente
Dans ses hivers et les pâles soleils qu’elle tourmente
Dans tes sanglots qu’elle fait naître avec indifférence
Singulière
Elle s’amarre à toutes les bittes des ports en perdition
Et se marre des porcs qui lui font rêver des horizons
Elle est lointaine, elle est fontaine ohé capitaine
Qui n’a d’encre que son sang et qui s’ancre en déraison
A vouloir combler son cœur sec et ses yeux desséchés
A tant vouloir faire de son cœur sec un cœur d’amante
Pour oublier juste un instant qu’elle est indifférente
La geôlière...