mercredi 7 août 2024

Danse avec les coups

 

Ce matin j’ai croisés tes yeux noirs, tes yeux cernés de mauve et de soir. Tes yeux faits pour l’amour en miroir mais qui baignent de désespoir. Ce matin il faisait soleil dans le cœur de tes pareils mais pas au pays de tes merveilles, pas sur tes bras serrés en corbeille, pas sur ta peau piquée d’abeilles. J’ai séché deux larmes au coin de tes paupières, et ta bouche fermée sur une prière. Une larme pour chaque enfant que tu lui as donné hier et ta bouche qui ne trouve plus la lumière. T’es cousue de coups et d’insultes, dépassée par le tumulte, cassée dedans pour faire taire tes dents cassées. Mais putain :

C’est injure de ne pas t’aimer.

C’est injure de ne pas savoir comment.

C’est injure d’arriver au mauvais moment.

C’est injure de te voir t’étioler

T’avais cœur pur d’ado et un corps trop tôt profané, pas vraiment fait pour monter des remparts mais qui boitait avec sa petite armure sur le pont des arts. Qui gondolait jusqu’à ta gorge et faisait souffler la forge de démiurge jusqu’à ce que tu te tiennes avec tes toiles d'araignée et tes questions ignorées. Mais bon Dieu que t’es belle derrière tes bleus et tes volts, juste belle d’être toi, parce que tu fais le monde en mieux et que je crèverai moins vieux de tes révoltes. Et sur le pont des arts, sublime capitaine des cons où tu es lumière, trop tôt étreinte et trop vite éteinte, cassée dedans pour faire taire tes dents cassées, je gueulerai :

C’est injure de ne pas t’aimer

C’est injure de ne pas savoir comment

C’est injure d’arriver au mauvais moment

C’est injure de te voir t’étioler

Ce matin je n’ai pas croisé tes yeux cernés de mauve et d’effroi. Parait que t’es dans une pièce où il fait froid et que ton corps nu ne dansera plus comme un pantin pantois. T'as des abeilles qui ne piqueront plus tes bras en corbeille et t'as peint le bleu de la nuit des orteils aux oreilles. Les bourreaux ont toujours des excuses et toi t’avais celle d’être une muse dont on abuse et dont on s’amuse. Mais dans ce métro compressé où je m’en vais trop vite chez les trépassés, je ressens tes coups et les insultes, ta vie cassée dedans pour faire taire tes dents cassées. Mais putain :

C’était injure de ne pas t’aimer

C’était injure de ne pas savoir comment

C’était injure d’arriver au mauvais moment

C’était injure de te voir t’étioler

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